Le cinéma français nous délivre parfois des petites pépites. Des œuvres dont vous ne pouvez vous défaire en rentrant chez vous. Même si ce n’est pas une « belle » histoire, sa portée vous colle à la peau. Polisse, de Maïwenn, fait incontestablement partie de celles-là.
Entrer dans le quotidien de la Brigade de protection des mineurs de Paris, n’est pas la chose la plus attirante qui soit en ces jours sombres de crise où l’on n’ose même plus imaginer quelle sera la prochaine catastrophe qui va enfoncer la société encore plus loin dans son insondable marigot.
Mais bon, on se retrouve embarqué en moins de deux vers « l’île aux enfants » dont les eaux sont infestés de requins aux visages ordinaires.
Un grand père qui viole sa petite fille, une mère qui caresse ou fait des fellations à ses petits garçons pour les calmer, un père issu des très beaux quartiers qui « aime » trop sa fille. Et d’autres cas hallucinants qui écrasent l’écran comme un rouleau compresseur. D’autant plus pesamment que l’on comprend que Maïwenn n’invente rien.
FOU RIRE
La brigade constate, fait parler bourreaux et victimes et, bien que consciente que son rôle d’assistante sociale à menottes est ô combien nécessaire mais pas suffisant, aime son métier par-dessus tout..
Comme une évidence même si elle perd parfois les mesures. Le lieutenant Nadine (Karine Viard) , en plein divorce, préfère traiter des viols en réunion que celui de la mère masturbatrice bien que sa binôme lui assure que cela va « lui changer les idées ».
Polisse comporte plusieurs scènes d’anthologie : la confrontation d’un père musulman qui veut marier sa fille au bled avec une fonctionnaire maghrébine très remontée ou l’interrogatoire fou rire nerveux d’une ado prête à tout sans état d’âme pour récupérer son « beau » téléphone portable. Que ferait-elle pour un ordinateur ?
Maïwenn a su parfaitement équilibrer les situations et les personnages à travers des dialogues façon Lelouch (avec lequel Maïwenn a tourné dans le passé) permettant de faire un peu passer l’amère pilule de la violence sur enfants.
Un peu à la façon du Mash réalisé par le regretté Robert Altman, la vie des membres de la brigade, servis par un épatant casting (Karine Viard, Marina Foïs, Joeystarr, Nicolas Duvauchelle et Maïwenn) laisse une drôle d’impression : celui d’un séjour en enfer aux côtés d’anges (trop) humains. Miraculeusement.
